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Guatemala
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14
- 16 mars "Quetzaltenango au Guatemala"
Avant de sortir du Mexique, je voulais aller dans
un village sans trop de touristes. J'ai pris un nom au hasard sur
la carte, dans la direction du Guatemala et m'y suis rendu en bus.
C'était plus loin que prévu, je suis arrivé
de nuit et me suis retrouvé dans un hôtel sordide,
un lit plein de cafards, des WC indescriptibles. J'ai voulu repartir
mais, plus de bus... Un plan galère, un plan à la
Vadrot, heureusement ma housse de couette n'est pas déchirée,
j'ai pu tout fermer pour éviter que les cafards ne viennent
passer la nuit au chaud !
Le matin, à 6 heures, je prends un bus pour
la frontière. Une journée de bus complète pour
arriver vers 5 heures à Quetzaltenango, au Guatemala. Les
bus du Guatemala sont fidèles à leur réputation.
Ce sont des anciens bus scolaires américains revendus au
pays. L'extérieur est refait avec des couleurs vives et avec
des inscriptions à la gloire de Jésus. Ecrire en très
gros sur le pare-brise "Dios es Amor" ne me parait pas très
judicieux, mais je n'ai pas le choix. A l'intérieur, les
sièges sont faits pour des petites fesses et des petites
jambes. On se retrouve, donc, vite pliés en deux, collés
les uns sur les autres. Ca facilite la communication !
Je passe, le soir du 15 mars, jour de mon anniversaire,
avec un français, Jean Charles, qui vit sur place, on se
boit quelques bières à la Casa Verde, le bar-boite
à la mode de la ville. Cette ambiance d'étudiante
est vraiment la bienvenue.
Le 16, je me suis inscrit dans un groupe pour monter
le volcan Santa Maria, 3770 m: De là haut, on peut voir le
volcan Santaguito qui est en éruption permanente. Le départ
était trop tard et le groupe est monté trop lentement.
Une fois en haut, on voyait une super mer de nuages à 360
degrés, mais le volcan Santaguito était caché.
A cette occasion, j'ai rencontré Chrystine,
une cycliste québécoise qui pédale depuis l'Alaska
jusqu'à la terre de feu. Je vous suggère d'aller faire
un tour sur son site, car son expérience est intéressante:
www.novanor.qc.ca/desc-ame
. Nous avons passé la soirée ensemble avec également,
Nathalie une autre cycliste à parler des nos impressions
et nos buts respectifs, la discussion m'a encore plus donné
envie de partir à la récolte d'histoires de volcans.
17-18
mars "Village et Volcan de Tajumulco"
Le volcan de Tajumulco, avec ses 4220 m, est
le sommet de l'Amérique Centrale. Sur ma carte, à
la base du volcan, un point noir avec écrit à côté
Tajumulco doit désigner un village. Je décide d'aller
passer le week-end là-bas en espérant récupérer
des légendes sur le volcan.
Par chance, on peut atteindre le village en bus,
les 10 derniers km descendent de 3100 à 2200 par une piste
dans une vallée merveilleuse, couverte de champs de couleurs
différentes, de ruisseaux et de maisons accrochées
aux pentes abruptes. La brume interdit malheureusement toute photo,
j'espère qu'au retour, j'aurai plus de chance. Le point noir
de ma carte est, en fait, une petite ville, avec un hôtel
sur la place centrale. Mince, ca ne va pas être simple de
dormir chez un habitant. En effet, après 3 demandes qui se
soldent par "Hay un Hotel alla", j'abandonne et pars prendre une
chambre. Pas non plus d'info sur le volcan malgré une dizaine
de tentatives qui n'ont menées à rien. Le volcan porte
simplement le nom de la région. Le moral est à zéro
dans cette chambre d'hôtel, 6 heures de bus pour arriver là,
le prochain et unique bus pour rentrer le lendemain est à
4 heures du matin.
J'apprends qu'une volontaire des Etats Unis vit
dans le village, je pars la rencontrer pour voir ce qu'elle fait
ici. Carolyne est là pour faire de l'assistance scolaire
et se rend disponible pour chercher des documents sur des questions
que se posent les habitants, questions du type : comment récupérer
la pression de l'eau, comment augmenter le rendement des cultures
?
Après lui avoir expliqué ce que je
voulais faire dans ce bled, elle me présente la famille chez
qui elle loue une petite dépendance. Ca accroche bien, on
parle de foot, de dollars, des différences de vie entre ici
et la France. Je lance alors mon fil rouge, Hay leyendas para el
Volcan ? . Pas trop de réponse, mais j'insiste en demandant
pourquoi il s'appelle comme ça, puis pourquoi il est là:
Petit à petit la famille parle: Il n'y a pas vraiment de
légendes, mais plusieurs coutumes sur le volcan Tajumulco.
C'est génial, j'enregistre pour pouvoir
retranscrire et comprendre complètement les textes. Ils m'invitent
à un repas de famille pour le dimanche midi.
Je sors de là, après 3 heures de
palabres, super content. Il fait nuit sur la place centrale du village.
Une vingtaine d'hommes ivre morts sont là à cuver,
certains sont déjà couchés sur la route, la
tête dans leur vomis. Ce n'est pas très romantique,
mais c'est une situation quotidienne, en ville, la journée,
il faut poser les mort vivants sur les trottoirs pour ne pas qu'ils
se fassent écraser par des voitures. Ils arrivent à
m'indiquer un endroit pour manger. Je me retrouve dans une cuisine,
assis à une grande table, à l'autre bout, une famille
mange, les femmes me cuisinent des haricots. La maison fait office
de restaurant. J'en profite pour les bassiner sur le volcan. Ils
vont chercher un grand-père qui vient me compter la coutume
de la "vara" en détail.
Je n'ai pas mon magnéto et je ne capte pas grand chose, mais
c'est toujours très émouvant d'écouter un grand-père
qui, dans la pénombre, raconte des histoires.
Les
couleurs du marché
Le lendemain, jour de marché, la place qui
était aux hommes buvant de l'alcool, appartient maintenant
aux femmes pleines de couleurs. Il est 9 heures, je me pose aux
abords du marché pour comprendre comment ça s'organise.
Des femmes descendent des chemins qui convergent vers le village.
Elles sont souvent accompagnées de petites filles. Sur leur
tête sont posés en équilibre des grands paniers,
enveloppés dans des tissus multicolores. Elles portent des
vêtements traditionnels. Elles sont coiffées de rubans
intégrés dans des tresses longues jusqu'aux reins,
ou bien, par un ruban brodé qui vient envelopper leurs cheveux,
et faire des tours de leur tête, pour donner une apparence
de couronne. Elles ont des chemisiers brodés de motifs floraux,
tous différents et une jupe tissée avec des bandes
de différentes couleurs, dans lesquelles viennent s'intégrer
des motifs géométriques. Tous ces vêtements
sont multicolores avec des couleurs vives et chatoyantes. Les vêtements
sont parfaitement propres.
Les femmes portent les bébés dans
le dos, endrapés dans des tissus, ils ont plus ou moins de
liberté pour bouger en fonction de leur taille et de leur
position. Le Guatemala fait parti des pays sans poussettes ni landau.
Pour les petits, ça doit vraiment être mieux. Je suis
sûr, que cette pratique reviendra chez nous. Si certaines
d'entre vous, sont prêtes à tenter l'expérience,
je peux me renseigner plus sur les techniques de drapage et ramener
quelques tissus. Pour mon futur, je vais poser quelques questions,
même si ce n'est vraiment pas une affaire d'homme.
Entre les vêtements, les fruits, et les légumes,
de loin le marché est une succession de couleurs. Les hommes
sont plutôt à côté, ils bavardent. Ils
portent des pantalons sombres, des chemises et des chapeaux de cow-boy.
La plupart se font cirer les chaussures par des minos de 5 à
10 ans.
Repas
de famille
Le repas dans la famille a nécessité
4 heures de préparation à 5 femmes. En attendant que
ce soit prêt, j'ai regardé la télé avec
un des fils. Et oui, il ne faut surtout pas perturber les coutumes
traditionnelles à l'étranger..... de peur de les bouleverser.
A ce que j'ai compris, on a mangé deux dindes et du riz accompagné
de différentes sauces excellentes plus ou moins épicées.
Cette grande fête familiale était en l'honneur d'un
fils qui venait d'obtenir un visa de 5 mois pour travailler aux
USA. Le rêve américain typique, à les écouter
parler. J'espère que ça se passera bien pour lui.
Je suis rentré avec lui à Quetzaltenango, dans la
benne du pick-up. Il pleuvait et faisait froid, mais ces 2h30 au
grand air m'ont ramené pour un temps au Vanuatu.
19
- 23 Mars
Le Guatemala est réputé pour ses
écoles d'espagnol pour adultes étrangers. J'ai choisi
le centre Quetzaltenango pour suivre une semaine de cours. Ici,
il y a moins d'étrangers et on peut rencontrer des Guatémaltèques
dans les bars pour parler du pays. Après maintes recherches,
je m'inscris à INEPAS, une école qui fait également
des projets d'aides sociales dans les villages. Les cours durent
5 heures, de 8 à 13h avec un prof particulier. On est logé
dans des familles d'accueil qui assurent également 3 repas
quotidiens. L'après-midi, des activités sont proposées
: balades dans des villages, films sur le Guatemala, cours de salsa...
Aura, ma prof, est la doyenne des enseignants de
la ville avec 26 ans d'ancienneté. Elle est super cool et
insiste sur la grammaire et sur ces p.....ns de verbes irréguliers,
exactement ce dont j'ai besoin.
D'une façon complètement différente que dans
les villages, l'espagnol rentre au pied de biche. Je ne prends qu'une
semaine, car j'ai maintenant les infos pour travailler et appliquer
la grammaire espagnole. La semaine prochaine, je me concentrerai
pour parler lentement avec le moins de fautes possibles.
Je mène une vie d'étudiant, avec
des devoirs bâclés, des bières tous les soirs,
c'est super cool et ça me fait un bon break dans mon voyage.
Quand je me réveille le matin, je ne me demande plus ou je
suis: Mes deux sacs à dos se reposent également.
Les après midis, on visite des villages
et je travaille sur les légendes de volcans; recherches dans
les bibliothèques, compréhensions et écriture.
Ca me prend beaucoup de temps. Le dernier jour, un prof de l'école
m'a offert une pierre volcanique d'un kg comme souvenir, je les
ai bassinés toute la semaine. J'ai maintenant une quinzaine
de légendes et coutumes sur les volcans du Guatemala. C'est
bien, je suis content du résultat, car il me permet un contact
plus profond avec les Guatémaltèques. Ca les valorisent
aussi de voir qu'on peut s'intéresser à ce qu'ils
savent et pas seulement à leur apparence. Vivement la semaine
prochaine que je reparte en chasse.
La famille d'accueil est très sympa, mais
tous les repas sont dominés par les soaps mexicains à
la télévision.
25
mars "week-end"
Je décide de rester à Quetzaltenango
pour le week-end. Le samedi, levé à 3 heures du matin
pour remonter au Santa Maria, afin de voir le Santaguito en éruption,
j'attends jusqu'à 4 heures une voiture. Rien. Retour au lit,
après trois essais, je suis convaincu que le volcan ne veut
pas que je le vois.... Je renonce ! Le samedi et le dimanche matin,
je pars dans trois villages pour récupérer de nouvelles
histoires. Tout plante, je reviens bredouille de partout, du bus
pour rien, pas de discussions intéressantes, pas de photo
non plus. En bref, un week-end nul!!. Heureusement ça fini
bien, avec un fils de la famille d'accueil, je vais voir Cinéma
Paradiso. Le film est en italien, sous-titré en anglais,
en sortant, je ne sais plus ou j'habite en plus, il a fallu expliquer
quelques passages en espagnol .Je retrouve Jean Charles, au super
restaurant Royal Paris, pour une bonne soirée autour d'un
steak au poivre puis autour d'octavos, alcool nommé Quetzalteca
qui a pour seul mérite de pouvoir enivrer quelqu'un pour
10 F. Dans la nuit, j'arrive à retrouver la maison d'accueil,
Ouf!!
"La
poubelle"
Ce thème est sûrement moins important
que la guerre civile des années 80, mais il a le mérite
d'être observable facilement. Les routes, les rivières
sont des poubelles. Des sapins de Noël artificiels bordent
les routes et les poissons guatémaltèques sont très
souples avec des couleurs vives. Dans les maisons, que ce soit au
Mexique ou ici le sol est une poubelle. Par exemple, une peau de
banane est jetée par terre, les plastiques et les restes
également. A fréquence variable, ils vident la poubelle
et passant un coup de balai et mettent le contenu dans un sac. Le
sac semble collecté par la municipalité. Tout ça
pour dire qu'il ne vaut pas mieux marcher par terre, pieds nus.
Quand on voit ce qui se passe dans les maisons, il est parfaitement
logique de voir des canettes vides passer par les fenêtres
des bus en permanence. La prise de conscience pour éviter
les pollutions, n'est pas prête d'avoir lieu. Il y a beaucoup
de travail de sensibilisation à faire, s'ils veulent un jour
avoir une nature propre.
26
Mars Ecriture
L'école de langue met à ma disposition
un ordinateur pour copier mon journal et les légendes sur
les volcans. Sans être un travail, cette occupation me prend
de longues heures. C'est le prix du direct.
Lavage
de vêtements
Un des boulots intégralement féminins
reste le lavage des vêtements. Cette tache quotidienne prend
au moins 3 heures par jour. De plus, plus le village est pauvre
plus il est poussiéreux, donc, plus il faut laver. Le résultat
est toujours impeccable ou qu'on soit. Le matin, les voyageurs sont
les plus sales. Certains villages ont conservé leur lavoir,
mais la plupart des femmes lavent chez elles, dehors dans un évier
spécialement conçu pour ça. l'ingénierie
au service de la femme ! Les ruisseaux, mares et lacs sont également
très utilisés, quand ils sont à proximité.
Les vêtements sont lavés, bien sûr,
à l'eau froide et le séchage se fait sur des fils
barbelés, des arbres ou bien à même le sol.
J'ai déjà beaucoup parlé des
couleurs, mais le blanc aussi à sa part de noblesse, il est
plus blanc que blanc. Personnellement, même avec de la bonne
lessive toutes mes fringues sont maintenant ternes, le blanc est
gris sale. Je n'ai réussi à faire laver mon linge
sale qu'une seule fois !
27-28
Mars Volcan Pacaya
Il me reste quelques jours avant l'arrivée
de Stéphanie pour aller à la recherche des légendes
sur les grands volcans du Sud du Guatemala. On peut les voir en
poster dans les vitrines des agences de voyages en France. Ils sont
autour des zones touristiques de Antigua et du lac Atitlan. Cette
localisation, amène un risque de braquage sérieux
que je veux éviter à cause de mon matériel
photo.
Je décide donc de partir avec un tour opérateur
pour le volcan Pacaya, pour 40 F la mi-journée, avec le but
de rester sur place le soir pour parler avec les gens de San Francisco,
dernier village avant l'ascension.
Le groupe de 20 touristes monte dans une bonne
ambiance, on passe d'abord dans une superbe forêt puis après
1 heure, on découvre le cône du Pacaya pour lequel
il faut environ 30 minutes.
Le volcan fume, les odeurs de soufre viennent nous
piquer les narines. Au sommet le volcan dégaze d'un peu partout.
Le cratère ne fait que 100 m de diamètre. De cette
bouche sort le flux principal de gaz, il est irrégulier et
gronde à chaque bouffée. Le volcan respire. Au fond
du cratère, on distingue mal une tache rouge.
C'est la fin de l'après-midi, le groupe
doit redescendre. Mes souvenirs du volcan Marum au Vanuatu me somment
de rester là, sur la lèvre du volcan, jusqu'à
la nuit noire.
Après une négociation difficile avec
le guide Augusto, j'obtiens l'autorisation de rester et je vais
pouvoir dormir chez lui le soir. Il me demande de redescendre rapidement
à la nuit pour des questions de sécurité et
de rester très prudent. Je suis donc seul à attendre,
allongé sur le sol chaud. Un vent froid me glace le visage.
L'obscurité naissance permet au volcan de
s'exprimer par sa lumière. Le fond du cratère devient
rouge vif. En se couchant, le soleil prend la couleur de la pierre
en fusion. Je vois maintenant deux soleils, un dans le ciel, un,
au fond de la Terre. Petit à petit la fumée du volcan
rosit, éclairée par le soleil Pacaya. La nuit est
presque tombée, une colonne de nuages roses s'élève
devant moi. J'ai envie de me jeter dedans tellement le spectacle
est attirant. Je dois redescendre, en courant le cône se dévale
en quelques minutes, la lune s'est levée pour l'éclairer.
Arrivé au village de San Francisco de Sale, je demande la
maison d'Augusto.
Ca grouille de partout, les 9 enfants d'Augusto
( qui n'a qu'environ 40 ans), les petits enfants et les cousins
animent la famille. On parle de volcans, je lui montre mes cartes
postales des volcans d'Auvergne. Le contact est maintenant vraiment
bon. Il me dit qu'il n'a pas de légendes sur le Pacaya ni
sur les autres volcans de la région. On va voir le feu du
volcan depuis la place du village, j'en profite pour sortir ma carte
du ciel, lui montre quelques constellations. Il me semble qu'il
n'avait jamais regroupé les étoiles, il veut savoir
tous les noms. Malgré le vent glacial, on reste plus d'une
heure dehors, il avait oublié le froid. Je me couche avec
le sourire et rêve que les volcans montent jusqu'aux étoiles.
Centrale
électrique
Le lendemain, Augusto m'indique le chemin pour
aller à une centrale électrique qui fonctionne à
partir de la vapeur du volcan Pacaya. Les opérateurs, tout
d'abord surpris de voir un touriste ici, sont ravis de faire visiter
leur centrale.
Elle peut produire 5 MW en base à partir
de la vapeur puisée dans les entrailles du volcan. La vapeur
est séchée par 2 cyclones et l'eau de condensation
est réinjectée dans la montagne. La vapeur pure passe
dans une turbine puis est rejetée à l'atmosphère.
On passe la matinée à parler turbine,
puis salaires et enfin de Dieu. Juste avant de prendre mon bus,
ils courent me cueillir des avocats pour me remercier. C'est moi
qui devrais les remercier pour ces instants de partages vraiment
agréables.
29-31
Mars Intérieur du pays
Déçu de ne pas trouver de légendes
sur les volcans de la région, je remets ça à
plus tard et pars voir du pays. Tout d'abord, la côte pacifique
où je reste seulement 2 heures, car il fait trop chaud, les
gens sont désagréables et l'océan est trop
dangereux pour nager.
Ensuite, je pars pour une cascade Semuc Champey,
la plus belle du Guatemala parait-il. En tout 30 heures de bus.
Le seul vrai plaisir de ce parcours fut le retour sur le toit d'un
bus durant 4 heures, à sentir et à regarder les montagnes
recouvertes de forêt tropicale.
LES
2 SUISSES
Arrivé à Coban, les deux autres touristes
du bus m'interpellent " Honduras aquí, Honduras aquí".
Après bien 10 minutes d'explication, en anglais, espagnol,
français et allemand, je comprends qu'ils se sont trompés
de bus, ils devaient aller à Copan, à 300 km de là.
J'essaie de leur expliquer, on fait une photocopie de mon guide.
On sympathise, mais ils ne parlent que Suisse allemand ! C'est un
handicap certes, mais surmontable, le pire c'est qu'en plus ils
sont super butés et n'essaient pas de comprendre quand je
leur parle ou quand un Guatémaltèque essai de les
aider.
Le lendemain ils me suivent à la cascade,
mais ils n'ont pas compris qu'il fallait 6 heures de bus pour l'aller
simplement ! Le soir ils me faisaient la gueule. Même si ces
deux bonhommes étaient très bizarres, ils m'ont prouvé
qu'on pouvait voyager sans vouloir parler ni comprendre, l'inconvénient
est qu'on se trompe de bus et passe à coté de l'essentiel.
Les
01-02 Avril Attente de Stéphanie a Antigua
Je tourne en rond durant deux jours dans la
ville d'Antigua. L'urbanisation a tué les légendes
des volcans Fuego, Agua et Acatenango, je ne trouve pratiquement
rien. J'attends ma copine. Le voyage se termine, un autre va naître.
Ce mois m'a permis de découvrir la force
du voyage en solitaire. On devient responsable de chaque minute,
de chaque décision. C'est très proche de la liberté
absolue, seul le corps ramène à la réalité
de la vie. Il faut manger, boire et dormir, le reste c'est du plaisir.
La suite du voyage va être plus fermée, j'espère
y retrouver les compensations nécessaires. La liberté
n'est pas toujours synonyme de bonheur !
Guatemala
2
03
Avril Suite du voyage avec Stéphanie
Le " Je " du début de la plupart des
phrases va se transformer en " On ". Stéphanie est venue
me rejoindre pour un mois. Notre seul point fixe est d'être
le 30 avril à San Jose au Costa Rica, d'où elle doit
rentrer pour travailler !
4-6
Avril " Cites mayas "
40 heures de bus en 5 jours pour aller jusqu'à
Tikal et Copan, deux des plus grandes cites mayas. Les anciennes
villes ont perdu leurs habitants, leurs couleurs beaucoup de leurs
significations, mais la sensation de se retrouver au milieu de ces
temples est forte. On contemple sans comprendre, mais rien que ce
plaisir esthétique vaut le détour.
Le
07 Avril Volcan Pacaya
Suite à ma première visite au volcan
Pacaya et au bon contact avec Augusto, je propose à Stéphanie
de retourner passer une journée chez Augusto et monter à
la nuit au volcan. Le plan échoue, car Augusto est en vacances
avec toute la famille.
Il doit néanmoins revenir le soir. On monte
donc au sommet du volcan. Le spectacle est presque aussi beau que
la première fois, il manque un beau coucher de soleil. On
reste un bon moment de nuit à se laisser envahir par les
vibrations, les odeurs, les grondements et toujours cette colonne
de nuages roses.
Au retour, Augusto et sa famille sont rentrés,
ils déballent, on reste à l'écart. On a pu
discuter simplement un court moment le lendemain matin. Chacun a
ses obligations, je garderai un très bon souvenir de ces
deux passages éclairs, mais chaleureux.
Exercice de la banane pour ceux qui voudraient
connaître le débit de gaz craché par le volcan
sachez qu'il a tenu en suspension une peau de banane lancée
à l'horizontal durant 7 à 10 secondes. J'attends les
réponses.
8-12
Avril Semaine sainte et sites touristiques
C'est la semaine sainte, la meilleure période
pour visiter le Guatemala ou bien la pire selon les personnes. Les
processions catholiques sont le centre de l'activité du pays.
Chaque église, en effectue une à 4 selon le nombre
de pratiquants.
Les Guatémaltèques portent des chars
plus ou moins sophistiqués en fonction de la richesse de
chaque église, la nuit ; les chars sont éclairés.
La procession prend alors toute sa sérénité,
et on est obligé d'être troublé par cette communion
de regards vers le visage du Christ.
Sur le sol, au milieu des rues des tapisseries
éphémères constituées de fleurs ou de
sciures colorées viennent orner le passage du cortège.
Ces images ne vivent que quelques minutes et sont des représentations
religieuses extraordinairement travaillées.
On se déplacera d'Antigua à Xela
en passant 3 jours au lac Atitlan et 1 jour à Chichicatenango.
Durant ces 4 jours on n'aura pas vu les superbes volcans bordant
le lac et l'affluence des magasins d'art touristique gâchera
nos parcours dans les villages.
13
Avril Volcans Santa Maria et Santiaguito
Le mois dernier, j'ai déjà par 3
fois, espéré voir le Santiaguito. Stéphanie
est partante pour essayer à nouveau. La veille les étoiles
sont là, j'ai commandé un taxi. La lune nous éclaire
de 3h 30 du matin au lever du soleil. Après 3h 30 d'ascension,
on arrive au sommet du Santa Maria.
Là une vingtaine de personnes ont passé la nuit. Est-ce
lié au Vendredi Saint ? On descend au mirador pour voir le
Santaguito, volcan né du flan du Santa Maria.
Le soleil ne l'éclaire pas encore, mais
on voit bien le cratère. Apres 15 minutes d 'attente, le
volcan explose. Un champignon de poussière nous passe devant
les yeux, c'est plus beau que le mont St Hélène à
la télé. On reste bouche-bée. D'autres petites
explosions suivent dans l'heure suivante. Je saute de joie, j'espère
que les photos seront réussies.
On remonte au sommet du Santa
Maria .Là un groupe d'indiens est en train de prier,
un homme fait une ovation et parle de sacrifices. La scène
est magnifique, on s'écarte pour rester discret et respecter
leurs rites. On verra aussi des plumes de poulets qui viennent vraisemblablement
de sacrifices. La cérémonie doit ressembler à
la description faite de la cérémonie de la Vara au
Tajumulco. On redescend rapidement
pour profiter des processions de ce Vendredi saint à Xela.
Il y en a 9 principales. Le parc central est plein, l'ambiance est
bon enfant, style fête de la musique en France, elle se fige
au passage des chars, allant jusqu'à un recueillement profond.
Juste après, les marchands de glace refont retentir leurs
sonnettes.
La
pension Saint Nicolas
Ce petit hôtel de Xela mérite un paragraphe
dans mon journal. J'y ai passé 4 nuits et pour 12 F la nuitée,
il offre des prestations uniques : - Chaque chambre possède
2 lits et une ampoule électrique. Les sommiers sont des planches
et les matelas 2 couvertures pliées. - Chaque chambre est
habitée par quelques cafards un peu timides, pour le grand
plaisir de Stéphanie qui dort alors enfermée dans
ma housse de couette, c'est tout juste si elle ne me demande pas
de coudre l'entrée.
- Un cadenas ferme la porte qui donne sur la cour centrale. Si on
oublie la clé dans la chambre, il suffit de tirer un peu
fort sur le cadenas, il s'ouvre sans se casser, c'est pratique me
dit un employé.
- Un lavoir au milieu de la cour permet de se laver
les dents sous les étoiles.
- Les WC sont tout petits, les portes ne ferment
pas pour pouvoir laisser passer la lumière. Pour tirer la
chasse d'eau, il faut aller chercher un seau, le remplir d'eau au
lavoir puis la verser dans la cuvette. Ce principe n'est pas gênant,
le seul souci est qu'il faut à chaque client 2 à 3
jours pour voir les autres faire et comprendre, en attendant l'hygiène
est très aléatoire...
- L'unique douche pour les 20 chambres est une
toute petite cabine, je touche pratiquement le plafond avec la tête.
Il ne faut pas toucher les murs qui sont vraiment moisis, on se
déshabille avec attention. L'eau est froide mais le fort
débit est agréable. Ce qui l'est moins, ce sont les
5 cm d'eau résiduelle dans le bac, les orteils disparaissent
dans l'eau pleine de cheveux et de poils, il reste de la mousse
par-ci par-là. Le sol glisse, certainement la cire !Tout
çà pour dire que cette pension a du cachet et laisse
des souvenirs. Si vous y allez, Stéphanie s'est fait voler
un pantalon qui séchait, pouvez vous essayer de le retrouver
?
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