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Nicaragua 2

02 - 03 Mai "Du Costa Rica au Nicaragua , La nature regonfle les batteries"

Cela fait deux jours que je n'ai parlé à personne, pas envie. Les 3 derniers mois de mon voyage ne sont pas encore commencés. Stéphanie est partie il y a 3 jours et je n'ai pas de nouvelles. Je dors mal pour la première fois depuis 3 mois. Ce n'était pas facile de passer de 1 à 2, mais de 2 à 1 c'est bien plus dur.

Je me lève à 5 h pour faire les 25 km en bus et stop jusqu'au pied du volcan Ricon de la Vieja. Ca foire total, il me faudra 3 voitures, 1 camion et 1 h de marche au soleil avec le gros sac pour arriver. Il est déjà 10 h ,la femme du parc m'annonce 4 h de montée pour les 8 km. Ce soir, il faut que je trouve un Internet pour avoir des nouvelles de Stéphanie. Je décide de monter vite, après m'être vide la tête dans l'écriture, je me vide par l'effort physique, mais là une surprise arrive.

Extrait de mon journal personnel

Je décide de monter le plus vite possible. Le sentier est superbe, aller vite me fait débusquer des agoutis, des papillons et oiseaux divers. En haut, dans le brouillard, de courtes éclaircies me font apercevoir la crête qui mène au cratère. C'est sublime, imphotographiable, l'ambiance d'altitude, données par le vent, le froid me donne des vertiges de sensations. Apres 1 km de crête sommitale, j'arrive à un petit panneau indiquant le cratère. Je ne vois rien, m'aventure sur le sol vieux de quelques années, des fissures me disent de ne pas aller trop loin. J'attends à l'abris d'une grosse bombe volcanique. Après 15 minutes environ, le brouillard se dégage un peu, je vois un bout de lac au fond du cratère, puis plus rien. Ce n'est pas grave, j'en ai juste assez pour rêver le paysage.

Après 45 minutes je redescends. Le brouillard s'est levé un peu plus bas, avant de pénétrer dans la jungle, je m'arrête tous les 20 m pour contempler le canyon sur les flancs du volcan, le Pacifique tout bleu au fond, les nuances de verts de la forêt tropicale vue de dessus. Le sentier pénètre maintenant dans la jungle. Je voulais courir mais c'est trop beau. Au fur et à mesure de la descente de 1500 à 900 m la végétation change. Par contre la forêt reste claire. C'est une de ces forêts magiques qui inspirent la sérénité, les oiseaux chantent, chaque arbre semble être à sa place sans vouloir déranger son voisin. Une idée de paradis. Souvent je regarde ma montre, l'heure tourne, je cours, mais m'arrête quelques dizaines de mètres plus loin pour regarder autour de moi. J'essaie de prendre des photos mais je n'y arrive pas, c'est comme vouloir photographier une voiture depuis l'intérieur pour donner une impression d'ensemble.

Arrivée, au pied du volcan, la chance m'offre un bon stop dans une voiture climatisée qui enchaîne un taxi et 2 bus, arrivée vers 8 heures du soir à la station balnéaire du Nicaragua, San Juan del Sur. La frontière s'est passée rapidement, sûrement aidé par un magazine porno que lisaient les douaniers, leurs regards ne se sont pas attardés sur ma photo. Avec le Nicaragua, je retrouve la pauvreté, les bus blindés, la chaleur, mais un contact agréable avec le gens. Avec la fatigue, mon esprit se remplit de sentiments mélangés entre la tristesse de voir cette pauvreté, le plaisir personnel de reparler avec les gens et l'envie de comprendre pourquoi le Nicaragua est comme ca

Je suis venu à San Juan dans l'espoir de pouvoir faire un peu de surf mais la vague n'est pas au rendez-vous. Je loue alors un vélo pour aller voir une superbe plage à une dizaine de km où j'étais sûrement le seul à être passé de toute la journée. Le soir, le bain au coucher de soleil dans la baie me fait momentanément oublier les 37, 8 degrés lus sur mon thermomètre dans ma chambre d'hôtel.

04 Mai "Rencontre avec un volcanologue, debut du voyage"

Un jour de plage est suffisant, je pars pour Managua la capitale pour préparer la suite de mon voyage au Nicaragua. Je prévois de rester 10 jours essentiellement pour aller voir les volcans. J'ai alors la chance de pouvoir rencontrer Alain Creusot, un volcanologue français installé depuis plus de 30 ans au Nicaragua. Il m'accorde 2 heures et me remonte à fond, bien qu'il me prévienne de la difficulté apparente de trouver de belles légendes.

05-06 Mai "Village de Malpaisillo et Volcan Cerro Negro"

Après quelques heures de bus, j'arrive à Malpaisillo, je raconte toujours mon histoire de légendes et trouve deux frères Tony et Marcio qui me proposent de m'emmener en vélo, le lendemain au volcan Cerro Negro, je me fais inviter dans la famille pour la nuit. J'ai peu parlé espagnol depuis plus d'un mois, la reprise est difficile. Les voisins arrivent, les questions fusent, on part dans le village interviewer un grand-père. L'ambiance est vraiment bonne.

Le lendemain, on part donc en vélo pour le Cerro Negro, 3 heures de vélo au lieu de 1,5 car le guide ne connaissait pas le chemin. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive ! Le grand plaisir sera la montée du volcan. En fait c'est un cône de sable de 300 m de haut, il faut une heure d'intense effort pour monter. D'en haut, le Cerro Negro porte vraiment mal son nom, les couleurs varient du blanc au rouge en passant par de superbes jaunes. Les fumerolles indiquent qu'il ne dort pas complètement. Pour descendre, j'aimerai avoir des skis, en ramasse, il faut 5 minutes.

Le soir, c'est la fête du village, une boite de nuit est installée dans un coin du parc central. C'est génial, musique branchée, salsa, merengue se succèdent. Par contre, contrairement à chez nous, on ne peut pas danser seul. Il faut toujours être un homme en face d'une fille, quelle que soit la danse. Comme souvent, il y a plus de mec que de nanas ,alors il faut attendre son tour pour danser et les filles restent en dehors de la piste de danse, fort peu longtemps.

07-11 Mai "Chaleur, grippe et recherches de légendes"

Ces 4 jours seront placés sur le thème des recherches de légendes à partir de la ville de Leon. J'ai rencontré des gens intéressants, les discussions partent vite sur la politique. J'ai chopé un virus qui me cloue au lit par 35 degrés, 3 après midi de suite. Personne ne saura jamais ce que c'était, j'ai pris quelques-uns de mes médicaments à l'aveugle.

J'ai appelé en France 20 secondes et la femme de Enitel ( France télécom local) voulait me facturer 80 F car le minimum était de 3 minutes, ce qu'elle ne m'avait pas dit. Pour progresser en espagnol, et pour ne pas payer cette injustice, je gueule. L'ambiance monte, j'ai l'aide de certains clients, elle fait bloquer la porte par la sécurité pour que je ne m'enfuie pas. La police arrive, me pose des questions, repart, je vais certainement aller dormir au poste de police. J'offre des solutions de négociation, et propose de revenir le lendemain. Rien, je suis tombé sur une conne irresponsable. Après 4 heures de séquestration dans le hall, un chef de la sécurité me fait un reçu et moi je laisse, mon passeport, mon billet d'avion et mon enregistreur.

Je reviens le lendemain, discute avec le patron et obtient moitié prix. Tout est bien qui finit bien, mais à un moment j'ai bien cru que ça allait finir au poste avec les menottes.

Comment aider ce pays riche avec tous ces gens pauvres?

La seule solution que j'ai trouvée pour aider ce pays ,qui me touche vraiment, est de rentrer en campagne de déchristianisation. Les Nicaraguayens rejettent toute la responsabilité des problèmes à Dieu. Jamais ,et ce, à cause de l'Eglise, ils ne se sentent capables de décider, ni d'être responsable. Alors je choque les esprits volontairement, parfois les réactions sont brutales. Jamais je ne prône telle ou telle pensée, je dis simplement que je ne crois pas en Dieu et demande, si j'ai l'air vraiment mauvais. J'essaie de faire comprendre qu'on peut vivre en se disant que Dieu n'existe pas et qu'il y a qu'une seule vie. Je suis prêt à parler de longues heures de ce sujet à mon retour pour expliquer plus précisément mes opinions.

12 - 13 Mai " Chocs émotionnels"

Ces deux jours se traduisent par 2 chocs émotionnels importants, qui j'espère, me marqueront pour longtemps.

La chaleur accablante me pousse vers les montagnes au centre du Nicaragua. Je décide de passer le week-end là-bas. Le bus monte, mais les arbustes sont toujours aussi jaunes, le guide parle de végétation tropicale luxuriante, je ne vois que de la savane. Suis-je dans le bon pays ? Oui, il va pleuvoir à la fin du mois, me disent les habitants. Cela fait maintenant 8 mois qu'il n'est pas tombé une goutte d'eau.

A Esteli, je vais visiter un petit musée sur les Martyres de la révolution des années 80. A l'entrée, un groupe de femmes est réuni. Une femme d'environ 50 ans me fait visiter. Le musée consiste principalement à montrer des documents de l'époque et exposer les photos des révolutionnaires tombés à cette période. Certaines photos montrent la mort en direct. Cette femme me parle de la révolution et en vient vite à me montrer les photos de ses 2 fils martyres. Je reste bouche bée, que dire ?

En sortant, je m'assoie au milieu de ces femmes âgées, elles préparent la fête des mères. Elles ont toutes perdu des enfants dans cette révolution. La présidente me dit, après quelques minutes "On a fait la révolution, il y a vingt ans et maintenant la situation est encore pire, que durant la dictature". De nouveau je reste sans voix. Ces femmes ont perdu leurs fils pour rien. Qu'y a-t-il de plus dur que ça dans la vie ?

Impuissant et troublé par ces moments de rare intensité, je surpaie l'entrée du musée en disant pour payer une partie du gâteau du repas de la fête des mères.

Je pars ensuite, la tête ailleurs, pour passer la nuit à Matagalpa. C'est vrai, la nuit est plus fraîche dans la montagne mais l'abondance de moustiques m'oblige à me mettre sous un drap, total je transpire encore plus !

Le lendemain, je pars pour une petite colline qui surplombe la ville. Je traverse un bidonville qui a tout l'air d'un coupe gorge, mais n'ayant jamais eu de problèmes au Nicaragua je pars dedans, l'appareil dans le sac. Ce n'est pas un bidonville. En fait les maisons sont faites de branches et de sacs de riz cousus. Certaines maisons sont en carton. Bien sûr, pas d'eau ni électricité. Un peu plus haut, je marche au milieu de trous remplis d'excréments. La pauvreté atteint un sommet. Je souffle au sommet inhabité de la colline. Au retour, je me dis qu'il faut prendre des photos. Je ravale ma timidité, et sors mon appareil à 10 000 F. Je demande aux gens, si je peux les prendre en photo, pour montrer la vie des Nicaraguayens. A chaque demande les sourires affluent et les réponses sont souvent positives. C'est la première fois de ma vie que j'ose faire cette démarche. Je n'ai pas encore vu le résultat mais j'espère que ce sera à la hauteur des espérances.

Déforestation et gaspillage d'eau

On parle souvent de déforestation. Après ces trois mois, je peux dire que j'ai vu la planète brûler, depuis le Guatemala, pas un jour sans voir un feu de forêt. C'est encore pire ici. Je ne comprenais pas le climat par rapport au Costa Rica, en fait Alain Creusot m'a expliqué que petit à petit toute la forêt de l'ouest du Nicaragua a été brûlée. Maintenant, sans la couverture naturelle, la végétation ne peut plus repousser identique, c'est perdu pour la reforestation directe, les petits arbres seront brûlés par le soleil avant de grandir. Maintenant pour les cultures, le sous-sol manque d'eau.

En plus, ici, c'est peut être le seul pays au monde où on peut voir des hommes qui lavent les pneus des voitures, alors qu'ils roulent sur des pistes en terre. La climatisation également se fait en arrosant par terre toutes les 1/2 heures, c'est vrai on doit gagner 1 degré mais quel prix à payer pour le futur. Tout ca pour dire que ça fait mal au cœur, ce manque d'éducation ou ce je-m'en-foutisme général. Les gouvernements et l'Eglise portent une lourde responsabilité.

14 -16 Mai "Visites de volcans"

Ces trois jours sont marqués par la visite des volcans Telica et Masaya avec Alain Creusot, volcanologue vivant au Nicaragua.

Tout d'abord, je tiens à remercier Alain Creusot pour sa disponibilité et pour les informations volcaniques et autres qu'il a pu me donner lors de nos rencontres. En effet, je me sens comme dans un film de Tazieff, le soleil se couche sur le Telica, au fond du cratère, la roche commence à rougir. A. Creusot nous donne des explications scientifiques sur les roches et sur la probable future éruption du volcan. Puis le discours part, vers des anecdotes personnelles d'aventures de volcanologues pris par les coulées de laves, la vie sauvée par un je-ne-sais-quoi sur tel et tel volcan de la planète.

Maintenant il fait nuit noire, la roche en fusion est maintenant presque jaune, une torchère vient de temps en temps s'activer, faisant une flamme variant du rouge, à l'orange. Dire que dans quelques jours, tout ça devrait exploser. J'ai envie de rester, mais l'explosion ne devrait durer que quelques minutes et je suis à peu près sûr de la louper, à moins de rester au pied du volcan !

Je passe un jour à Managua pour visiter cette capitale si étrange. En effet, en 1972 un tremblement de terre à quasiment détruit toute la ville. La reconstruction s'est faite dans la campagne autour de l'ancienne ville. Cette capitale est donc un ensemble de quartiers reliés par des doubles voies. Près de l'ancien centre ville où subsistent quelques monuments, les friches côtoient les hôtels de luxe et les bidonvilles.

Le 16 mai Alain Creusot m'emmène sur le Masaya pour voir les lueurs du lac de lave. Là encore, les discussions voguent de la volcanologie à la politique du Nicaragua. Il répond à toutes ces questions que je me pose sur ce pays riche peuplé de gens pauvres.

Le souvenir du Vanuatu se réveille également par les ressemblances entre le Masaya et le Marum et par le reportage sur Santo que j'ai vu, à la télé juste avant de partir sur le volcan.

La nuit tombe, la réverbération du lac de lave qui se trouve maintenant en profondeur, peut se voir grâce à un conduit de dégazage. Les lueurs rougeâtres sont toujours aussi impressionnantes.

 

17- 19 Mai "Bus jusqu'au canal de Panama"

Il est 5 heures du matin, c'est le début d'un long transit, 28 heures de bus jusqu'à Panama City, avec 5 heures d'arrêt au Costa Rica. Tout ça pour économiser quelques sous, mais surtout pour voir le canal de Panama. Les bus longues distances ( les mêmes que chez nous) sont tellement confortables que le trajet ne parait pas si long!!. En plus, avec 8 films d'action américains, on n'a pas trop le temps de réfléchir. Dehors, la verdure tropicale défile et repose mes yeux fatigués de cette sécheresse nicaraguayenne.

Le vieux Panama City et les gratte-ciel dignes de New York se regardent de part et d'autre de la baie. Je partage une chambre d'hôtel avec deux volontaires qui viennent de passer 2 ans au Salvador. On échange nos impressions sur cette Amérique centrale, qui nous a marqués. L'autre côte agréable est la piscine sur le toit de l'hôtel qui me permet de m'offrir un bain au coucher et au lever de soleil. Tout ça pour 50 F la nuit, un luxe unique et agréable.
Le canal de Panama

Les prospectus montrent un de ces paquebots montant les écluses une à une. Et bien, sans bateau, je peux vous assurer que le canal de Panama ressemble comme deux gouttes d'eau à l'écluse de Saint Maur des Fossés. Je n'ai pas eu de bol, le canal est en maintenance ce matin, et le premier bateau passera à 14 heures. A cause de mon avion pour l'Equateur, je ne peux pas attendre. Tant pis pour cette fois, peut être qu'un jour je passerai dans le sens de l'eau.

Derniers échanges avec une Nicaraguayenne

Dans le bus vers Panama, j'échange mes dernières conversations avec une Nicaraguayenne. A la question, que pense-t-elle du futur résultat des élections présidentielles de novembre, elle me répond Dieu seul sait. Voilà un bon usage de la démocratie.

   

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